Quelle fête familiale jette la moitié du pays sur les routes (33 millions en 2018) ? Seollal, le nouvel an lunaire, pour lequel on fabrique des kilomètres de boudin de riz. Quelle fête met le pays dans les trains, les ferries et les avions pour aller rendre hommage aux ancêtres en leur dédiant des tables entières de victuailles soigneusement rangées devant la tablette portant leur nom ? Seollal toujours !
Au fait connaissez-vous la gastronomie de Jeonju, ses soupes, le curieux et subtil tteokgalbi, son plat de viande fétiche ? Tous sont des enjeux de fierté depuis que Jeonju a rejoint (2012) le Unesco Creative Cities Network avec son papier de mûrier, ses 700 maisons traditionnelles...

Les 17 ingrédients du Bibimpap !

La célébrité du Jeonju Bibimpap, son mets-vedette, lui vient des 17 ingrédients qui accompagnent son riz cuit dans un bouillon d’os de bœuf : germes de soja, gelée de pois, champignons, épinards, persil coréen, aubergines, radis blancs, concombre, carottes, ail, gingembre, ciboulette, pignons de pin...
Bref, le Bibimpap de Jeonju est une œuvre d’art, une rosace de saveurs.
Un symbole de la Corée, ce pays où le spirituel et le cosmique sont très présents à table. L’une des originalités de la nation Corée divisée en deux pays par la guerre.

Musées, trains, Kpop, géopolitique

Les deux pays cultivent une forte identité nationale en se parant de monuments et de musées. La Corée du Nord range les trains qu’on lui offre dans des musées vitrifiés, construit des mausolées pour ses héros mythiques, tout en laissant sa population dans le dénuement mais soumise au culte de la dynastie des Kim !
Séoul, au Sud, rasé au sol par l’Occupation japonaise puis par la guerre civile compte aujourd’hui une centaine de musées ! La ville, frénétique, ne dort jamais et fait musée de tout. Du sac à main à l’art contemporain en passant par les objets funéraires, l’art bouddhique, la guerre, les séries TV et le cinéma, qui font, avec la K-pop, de la Corée du Sud le leader de la culture vivante en Asie.
C’est tout cela, la Corée qu’évoquera Jean-Yves Ruaux, une péninsule accrochée au bout de l’Asie avec ses extravagances culturelles, son histoire mouvementée, sa cuisine à nulle autre pareille, et sa situation géopolitique si complexe.